l’eNtre-CieL

instants suspendus du monde

2020 – 2021

Alpes, Pyrénées

« Il existait autrefois des cités millénaires accrochées au tourment de certains à-pic. On s’en donnait le vertige à les regarder depuis le bas, tutoyer des essaims de brumes et s’affranchir des aléas. Ayant pour seuls remparts le vide et pour donjon le grand infini, on pouvait dire qu’elles dominaient le monde à leur manière, par simple présence d’être. C’était saisissant de les voir rayonner encore longtemps, après que l’obscurité se soit emparé du fond des vallées. Cela leur conférait une sorte de noblesse unanime que personne n’aurait oser contester. Leur beauté aurait fait succomber n’importe quelle âme éprise de ces paysages souverains. Leur majesté n’aurait alors échappé à personne… Mais il fût un temps où elles se firent oublier, comme si les montagnes les avait assimilées. Leurs vestiges s’apparentent désormais bien plus à l’imaginaire qu’à une vision palpable pouvant rendre justice à leur gloire oubliée. Mais elles sont encore là, si l’on peine à les deviner quelques fois… »

L’Entre-Ciel est une série photographique qui traite de l’imaginaire qui peuvent peupler nos rêves d’altitude. à id felis gravida egestas pretium in nunc. Integer consectetur facilisis tincidunt. Sed facilisis ligula in urna ultricies, a viverra mi congue. Maecenas blandit ultrices nulla ut dapibus. Nulla nec arcu sagittis lectus imperdiet hendrerit et nec justo. Nullam convallis lectus nibh, id interdum.

On croit les roches inanimées, immobiles pour l’éternité. Des ailes filant dans le vent arrivent pourtant dans le théâtre calcaire, mouvement de la vie éphémère. Tantôt poursuivies par leurs ombres, tantôt par leurs fantômes, elles accompagnent les grands voyageurs dans leurs destinées…


Le vautour incarne à lui seul la dualité de l’existence. Juché au seuil des mondes, là où beauté et cruauté s’honorent pour préserver le cycle de la vie.

Vautour fauve, Pyrénées

 

Ces esprits aériens sont les passeurs d’âmes entre les mondes mortels et immortels. Ils errent entre la finitude et l’abîme, le réel et le chaos, l’éther et l’infini. Ils sont le lien du monde.

Faucon crécerelle, Pyrénées

Voir Respirer le Monde

Les mots ou quelques photographies ne suffiront jamais assez pour retranscrire tout ce que je peux ressentir là-haut. La solitude, l’humilité, le primordial, c’est cela que j’espérai trouver en partant aux confins des mondes d’altitude. Mais ce que j’y ai trouvé dépasse tout ce que j’espérais. Dans ce royaume tissé de roches et de brumes, où la majesté des montagnes tutoie la souveraineté des nuages, la beauté affleure partout. Elle s’immisce dans l’immensité des forêts qui jalonnent les flancs montagneux, ou dans l’impétuosité des torrents qui déferlent le long des escarpement ; dans le regard de l’aigle royal qui file au gré des vents, ou dans le silence minéral qui règne parmi les combes ; dans la pureté des neiges immaculées accrochées au relief ou dans cette sensation d’éternité dont paraît jouir chaque âme de cette dynastie pourtant éprouvée…

Don du fond des âges, par elles témoignent les vieux ans, les siècles écoulés et les ères oubliées. Elles sont encore là, forteresses de l’espace, gardiennes des temps. Rien ne semble plus me dépasser que d’admirer l’immensité d’un passé si lointain, demeuré dans ces vestiges du présent.

Cirque de Gavarnie, Pyrénées

PaRmi Les Brumes

L’eau était ténébreuse en ces temps. Les cascades jaillissaient d’une force puisée aux confins du monde. C’était un souffle brut, audacieux, imposant. Le fracas de l’eau sur la roche était dramatique, le ciel oppressant. Un sentiment glacial lui traversa le corps. Ce n’était pas le simple son d’une cascade se jetant dans le vide qu’il entendit ce jour-là. C’était toute la nature qui hurlait sa chute. ⁠

Il fendit les brumes en une apparition éphémère. Une éclaircie fugace venait de s’ouvrir derrière…
Instant de grâce entre deux fronts d’orages.

Aigle royal, Alpes

Une résonnance. L’espace et le temps se joignent aux ondes sonores, étranges et gutturales, des lagopèdes mâles qui signent de leurs vocalises les limites de leurs territoires.

Lagopède alpin, Alpes

« Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l’imagination est
sans frontières. »

– Jean-Jacques Rousseau

Sur le fil des crêtes, l’âme semble quitter la condition terrestre de son enveloppe
charnelle pour aller vers le ciel. C’est comme si la transcendance des sommets
l’inspirait à s’élever vers eux, loin des facéties du monde.
Peut-être comme les bouquetins, on se sent inexorablement attiré par la hauteur.

Jeune bouquetin, Alpes

Comme il est inspirant de regarder le souffle de la vie s’emparer des sommets. Un être, un esprit, une présence se fait toujours sentir, dans le monde sensible ou l’intangible. Parfois, mystérieusement, les deux se réunissent et inscrivent en nos cœurs un sentiment d’une puissance toute particulière.

Bouquetin des Alpes, Alpes

Je m’interrogeais encore sur les raisons qui m’avaient menées ici, accablée par une pluie battante et un ciel pesant comme un suaire, à essuyer les gouttes qui perlaient sur mon front et glissaient le long de mes joues. Le monde d’en-haut n’avait jamais été aussi inaccessible qu’en ces temps noyés par le ruissellement continu des eaux. Les brumes avaient englouties les cimes et nous n’étions pas loin d’un jour de funérailles, sinistre et glaçant. Les roches avaient noirci sous l’assaut de l’humidité et contrastaient pourtant avec la végétation embrasée par un subtil souffle de feu. Les reliefs se devinaient à peine, spectres émergeants des volutes mouvantes. Sur leurs flans grondait le vacarme sourd des cascades rendues si puissantes par les dernières ondées.

Les Trois sœurs, Alpes

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